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Est-ce que Piché est devenu un héros parce qu’il a écouté son intuition lors du vol 236?

par Ciel Québécois

8 juillet 2010

Sullenburger, Piché, et d’autres pilotes d’avion de ligne ont sauvé leur propre vie et celle de leurs passagers parce qu’ils ont utilisé non seulement leur jugement et leur expérience, mais aussi leur intuition. Comme l’aviation est un monde de procédures, nous nous posons la question à savoir si l’intuition a toujours sa place lorsqu’on a les commandes d’un avion de ligne?

Récemment, l’autorité de l’aviation civile d’Afrique du Sud a félicité le commandant de bord d’un Boeing 747-400 de British Airways suite à l’analyse d’un incident grave survenu le 11 mai 2009 à Johannesburg. L’incident aurait pu avoir des répercussions graves et entrainer un crash.  Durant le décollage du 747, les becs de bord d’attaque sont restés rentrés, et ce, durant vingt-trois secondes. Cela a amputé l’appareil d’une grande partie de sa portance. Dans une telle situation, la plupart des pilotes auraient tenté un décollage avec une pente normale, procédure dans un tel cas.

L’aéroport de Johannesburg est situé à une altitude de 1700 mètres, cela engendre une dégradation de la portance au décollage, notamment par temps chaud. Ne sachant pas ce qui se passait au moment de l’incident, et voyant son manche vibrer, annonciateur d’un décrochage,  le commandant de bord a utilisé son expérience et son intuition et procédé à un décollage avec un angle d’ascension minimal afin de maintenir une vitesse optimale. Sept secondes après avoir quitté le sol, l’appareil a retrouvé sa portance et a fait demi-tour.

Dans le cas du commandant Chesley Sullenburger au commande de l’Airbus 320 d’US Arways, celui-ci a décidé d’amerrir sur le fleuve Hudson à New York.  Frappé par des oiseaux, il avait perdu ses deux moteurs au décollage.  Celui-ci aurait pu tenter un retour à l’aéroport, mais cela semblait impossible à cause de la trop grande distance. Sully aura plutôt choisi d’amerrir dans le fleuve Hudson réalisant un exploit incroyable puisque celui-ci a fait preuve d’un sang-froid et d’un talent de pilotage hors du commun.

Le pilote, ayant 19 000 heures à son carnet,  s’est-il  servi juste de son expérience pour prendre une telle décision? N’y avait-il pas une part d’intuition? Si vous écoutez la bande sonore du vol, vous constaterez que le contrôleur aérien était stupéfait en apprenant que le pilote avait décidé de choisir le Hudson comme destination!

Et que dire du commandant Robert Piché,  ce dernier est probablement la plus belle preuve que l’intuition a toujours sa place en cas d’urgence sur un avion de ligne.  Souvenons-nous que lors de l’incident survenu sur le vol Air Transat 236, il a refusé de descendre à 20,000 pieds alors qu’il était à 39,000 pieds au dessus de l’atlantique. Malgré la procédure, il se servit de son intuition en gardant son altitude. Lors de l’extinction des moteurs, cela a fait toute la différence entre se rendre aux açores ou amerrir dans la mer. La deuxième option aurait été fatale.  Le commandant, qui comptait 14 000 de vol à son carnet lors de l’incident, a prouvé aussi sa grande dextérité en faisant un 360 degrés lors de la phase finale du vol plané.

En effet, pour perdre son altitude, il décida de faire la manœuvre ainsi que de faire des multiples petits virages pour arriver à la bonne altitude à la piste. Bien que sa vitesse est été trop rapide, cette manœuvre inusitée, et sûrement pas écrite dans le livre des procédures de l’Airbus 330,  a fait en sorte que l’avion s’est immobilisé au centre de la piste en ayant que les roues « carrées » comme seul dommage structural….Est-ce que Piché est devenu un héros parce qu’il a écouté son intuition lors du vol 236?  La question est posée.