Dossier spécial; ciel vert ou ciel gris?
par Ciel Québécois
Sur un vol Montréal-Paris, chaque passager génère environ 1625 lb de CO2. Cela représente la consommation approximative d’un véhicule utilitaire sport (VUS) sur une période d’un mois! Photo: Bombardier
C’est bien connu, l’aviation amène son lot de polluants dans l’atmosphère. Le dioxyde de carbone (CO2) représente environ 70 % des émissions liées aux moteurs d’avion. Sur un vol Montréal-Paris, chaque passager génère environ 1625 lb de CO2. Cela représente la consommation approximative d’un véhicule utilitaire sport (VUS) sur une période d’un mois!
Photo: Yuneec intl
L’administration fédérale de l’aviation américaine (FAA) prévoit que le nombre de passagers doublera d’ici 2025 sur son territoire. De con côté, la Chine construira plus de 40 nouveaux aéroports pour répondre à la demande croissante liée au transport aérien. Ce phénomène inquiète plusieurs scientifiques. Certains d’entre eux affirment que les émissions de dioxyde de carbone provenant des avions augmentent plus rapidement que toute autre source.
Les solutions
L’industrie multiplie les efforts pour réduire les impacts environnementaux. Pour l’association internationale des transporteurs aériens (IATA) et l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI), l’environnement et la sécurité figurent en priorité. Des objectifs ambitieux sont atteints notamment grâce à des améliorations technologiques.
Pour les transporteurs, une réduction de la consommation en carburant diminue à la fois les frais d’exploitation et les émissions de gaz à effet de serre. D’où l’intérêt à mettre en place un ensemble de mesures et politiques d’économie.
Tous les éléments associés aux vols sont analysés afin d’éliminer les excédents de poids : carburant, eau potable, conteneurs de fret et à bagages vides, éléments liés aux services aux passagers, etc. L’entretien rigoureux de la structure permet également de réduire la résistance de l’air sur l’appareil en vol. Cette résistance se nomme la trainée. Une augmentation de 1% de la trainée sur un Boeing 747 engendre une consommation d’environ 100 000 gallons supplémentaires de carburant par année!
D’autres mesures comme l’utilisation de pneus plus légers, le nettoyage à l’eau des réacteurs pour éliminer la saleté, la circulation au sol avec un seul moteur en marche, l’optimisation des plans de vol et l’acquisition d’avions plus efficaces permettent de faire des économies appréciables.
Les constructeurs étudient la possibilité d’utiliser d’autres types de carburant plus écologiques. Il reste encore beaucoup à faire avant d’opter pour d’autres alternatives, mais nous pourrions en voir les résultats dans la prochaine décennie.
NAV CANADA qui coordonne le mouvement sûr et efficace des aéronefs dans l’espace aérien sous sa responsabilité a investi dans les améliorations du système de navigation aérienne. De 1997 à 2008, environ 4,3 millions de tonnes métriques d’équivalents-CO2 de moins ont été émises par leurs usagers. Les économies durant cette période se sont élevées à environ un milliard de dollars.
Les opérations aux aéroports et en route sont devenues plus efficaces grâce à des nouveaux équipements terrestres et satellites permettant aux transporteurs d’optimiser leur route de vol et réduire leur consommation en carburant. La Société prévoit continuer à contribuer à une réduction significative des gaz à effet de serre. En 2016, soit à son 20e anniversaire, NAV Canada aura permis de réduire d’environ 12,7 millions de tonnes métriques d’équivalent-CO2 depuis le début de son existence.
Au Québec
Marco Prud’Homme président-directeur général de l’association québécoise du transport aérien (AQTA) se fait rassurant quant aux impacts environnementaux provenant de notre province. « Malheureusement, les perceptions l’emportent trop souvent sur la réalité. Une partie importante de la population semble avoir une image négative de notre industrie. Les plus récentes données fournies par Transport Québec établissent à 40 % l’apport de tous les modes de transport dans les émissions de gaz à effet de serre au Québec. De cette part, seulement 3% sont attribués au transport aérien. »
Chez Bombardier Aéronautique, le biréacteur régional CRJ1000 NextGen permettra une consommation substantiellement réduite de carburant et une diminution de près de 30 % des émissions de dioxyde de carbone, comparativement aux appareils d’ancienne génération d’une capacité similaire de sièges exploités actuellement
Les études…
Selon un rapport de l’OACI, l’amélioration du rendement du carburant pourrait éventuellement produire une atténuation à moyen terme des émissions de CO2 provenant du secteur aéronautique. Cependant, ces améliorations ne devraient compenser que partiellement l’augmentation des émissions de CO2 par l’industrie aérienne. Plusieurs contradictions persistent quant aux impacts réels de l’aviation sur l’atmosphère, notamment en ce qui a trait aux trainées de condensations observables derrière les avions volant à haute altitude. Si certaines études laissent croire un impact très néfaste, d’autres en minimisent les effets. Chose certaine, la communauté aéronautique internationale semble déterminée plus que jamais à contribuer au ralentissement de la dégradation de notre atmosphère.