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Patrouille de feux; Les jeunes pilotes doivent parfois payer pour obtenir un travail.

par Ciel Québécois

3 juin 2010

L’histoire est connue dans le milieu de l’aviation québécois, certaines compagnies soumissionnaire pour les contrats du gouvernement du Québec avec la Société de protection contre les incendies de forêt (SOPFEU) demandent à leurs recrues de payer pour leur formation sur type d’appareil. 

Dans un partenariat avec la SOPFEU, plusieurs compagnies engagent donc des pilotes d’avion saisonniers afin de sillonner les vastes forêts québécoises pour détecter tout début d’incendie. Le travail se fait habituellement à bord d’appareils comme le Cessna C-182RG. Photo: M. Lalancette Le débat concernant la question des conditions de travail revient chaque année avec la saison des feux de forêts qui se pointe. Cette année ce fut encore plus tôt avec un printemps particulièrement sec et des feux de forêt particulièrement précoces.

Nous croyons que la question se pose vraiment: est-ce normal de payer 3000 $ pour obtenir un poste de pilote qui rapportera 7000 $ pour une saison qui dure quelques mois? Il semble que les emplois de pilote sont tellement rares que des recrues ayant une licence commerciale en poche acceptent ce compromis qui est de payer pour obtenir un poste. Après avoir dépensé plus de 40,000 $ pour une formation de pilote on se demande si cela est normal pour obtenir un travail? Le débat est ouvert.

Les heures et les opportunités d’emplois sont relativement rares. Les pilotes devraient-ils refuser ce genre de pratique? Les patrouilles de feux sont-elles effectivement une bonne façon d’aider un jeune pilote à accumuler des heures comme commandant de bord? Parlez-en à ceux qui ont patrouillé lors d’étés pluvieux.

Un ancien pilote qui a voulu garder l’anonymat nous a confié: « Lorsqu’il pleut souvent, plusieurs pilotes ramassent des « miettes » durant leur saison et sont en déficite par rapport à leur coût de formation« . Dans un autre ordre d’idée, certains affirmeront que cela est un risque à prendre et que le risque financier en vaut la peine dans ce cas-ci.

Dans les faits, les pilotes qui postulent sur ce genre de travail détiennent parfois au plus 375 heures d’expérience. Les patrouilles de feux sont donc une bonne façon pour eux d’accumuler des heures puisque rares sont les employeurs qui engagent un pilote qui ne détient pas au moins 1000 heures d’expérience.

Le problème est que le salaire moyen au Québec pour ce genre de travail est de 350 $ par semaine pour une saison qui est parfois très courte surtout lors des étés pluvieux. Par ailleurs, au niveau des salaires, il semble qu’on recule au lieu d’avancer. Certains pilotes interrogés prétendent que dans les années 70, le travail de pilote sur les patrouilles de feux payait 400 $ par semaine incluant l’hébergement. Bref, le boulot était mieux payé qu’aujourd’hui.

Il semblerait aussi que la SOPFEU ne demande pas à ses soumissionnaires d’embaucher des pilotes ayant un minimum d’heures. Ce sont les soumissionnaires eux-mêmes qui décident de cette question et cela est normal puisqu’ils fournissent les dispendieux aéronefs. La SOPFEU demande néanmoins que les pilotes détiennent des licences commerciales et les compétences requises. La formation est donc la responsabilité du soumissionnaire qui établit aussi les règles d’embauches et les salaires. Voici une citation lue sur un forum de discussion qui en dit long sur cette délicate question;

« Comme pilote, j’ai toujours eu un profond malaise de voir à quel point presque tout le monde dans cette industrie est prêt à se dévêtir pour finir par avancer. Au risque de me répéter, j’ai manqué plusieurs opportunités en voyant passer devant moi du monde qui a accepté des conditions vraiment minables ».

Accepteriez-vous de payer 3000 $ pour votre formation en sachant que cela vous permettra d’obtenir un travail comme commandant de bord et d’accumuler des heures de vol?